PETITES BULLES D AILLEURS VOUS CONNAISSEZ ?
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et Corinne a écrit un article que j'ai adoré et où je me retrouve
POURQUOI J AIME VOYAGER EN SOLO
3 expériences non concluantes avec coép m'ont vraiment fait comprendre une fois pour toutes que je n'étais pas faite du tout pour être accompagnée en voyages. Je me sens trop frustrée et cela contrairement à beaucoup de gens qui ne peuvent pas voyager seule, me gâche le voyage.
« Et tu pars seule ? Oh, là là, moi je ne pourrais jamais ! »
Si vous saviez combien de fois on m’a sorti ces phrases… Pour beaucoup
de gens, voyager en solo est inconcevable. J’ai peine à comprendre
pourquoi. C’est au contraire une chance de pouvoir partir seul(e). Et
j’y trouve plein d’avantages.
Je suis une fille et alors ?
Quand
je parle autour de moi de mes escapades en solo au bout du monde, j’ai
l’impression qu’on me prend (au choix) pour une espèce d’amazone super
courageuse, ou bien pour une nana pas très normale limite asociale… Hum.
À
croire que les mentalités n’ont guère évolué depuis les siècles passés !
Aujourd’hui encore, au XXIe siècle, une femme ne devrait pas voyager
sans chaperon!?
Alors
oui, je suis une fille et je pars seule. Ça n’a rien d’extraordinaire
ni d’incompréhensible. Je ne vais tout de même pas renoncer au plaisir
de découvrir d’autres horizons, sous prétexte que je n’ai personne à
disposition pour partir avec moi? Hein?
J’ai fait des tas de
voyages, en compagnie d’un amoureux, en compagnie d’une copine, en
compagnie d’un groupe (plus rarement). Ces derniers temps, il se trouve
que je voyage en solo. Et je dois dire que ça me plaît bien.
Ça n’est ni difficile ni risqué. Ni triste ni malsain. C’est même tout le contraire.
Seule mais pas solitaire
Ceux
qui n’ont jamais tenté l’expérience ne s’en rendent pas compte, mais le
voyage en solo est rarement synonyme de solitude. On ne fait jamais
autant de rencontres que lorsqu’on voyage seul(e).
C’est encore
plus vrai lorsqu’on pratique comme moi une activité comme la plongée. Vu
qu’on reste une journée entière sur un bateau avec d’autres plongeurs,
on se lie facilement d’amitié. Souvent, on se retrouve après le soir
pour boire un verre ou pour dîner…
De façon générale, les gens,
qu’ils soient touristes, expatriés ou locaux, viennent plus facilement
vers vous et engagent volontiers la conversation quand ils voient que
vous êtes seul(e). Au point que cela devient même difficile de profiter
de moments de solitude quand vous les recherchez!
Je me revois à
l’île de Tioman, en Malaisie. J’avais ce soir-là décliné une invitation à
dîner avec mes compagnons de plongée, désireuse d’avoir enfin un peu de
temps à moi pour écrire dans mon petit carnet, peinarde, sans être
dérangée. Résultat, c’est le serveur du resto où j’ai traîné qui n’a pas
pu s’empêcher de venir me faire la causette après son service. Le genre
de gars que je classe dans la catégorie « gentils enquiquineurs ». Pas
méchant, mais un peu pot de colle. Dans ces cas-là, mon carnet est une
arme redoutable: j’explique que j’ai du boulot, je feins d’être un genre
de « travel writer » qui a des tas de choses à écrire, et le gars,
impressionné, me laisse alors à mon « travail »…
À Pemuteran
(Bali), l’été dernier, je n’ai pas passé une seule soirée seule. Un
coup, dans un minuscule resto local où ça manquait de tables, c’est un
couple d’Allemands tout à fait charmants qui m’ont proposé de venir
m’asseoir avec eux et nous avons passé une agréable soirée à papoter. Un
autre soir, c’est un couple d’Américains avec qui j’avais plongé dans
la journée qui ont insisté pour m’avoir à leur table. Le lendemain, ce
sont les Balinais qui tenaient la supérette près de ma guesthouse qui
m’ont invitée à la fête qu’ils organisaient pour
le mariage de leur fils…
Et
puis, il y a des gens qui deviennent des amis le temps du voyage. En
Malaisie, j’ai eu le plaisir de retrouver, de Perhentian Kecil à Tioman,
Maz et Alex qui accomplissaient un périple humanitaire. À Sipadan (Bornéo), c’est avec ma « buddy » de plongée,
Sabrina, qui voyageait en solo elle aussi, que j’ai bien accroché. À Sulawesi, c’est toute
une famille de Hollandais
rencontrée dans le bus Makassar-Rantepao qui sont devenus des
compagnons de route et des amis, pour une bonne partie de mon voyage,
jusqu’aux îles Togian. Toujours à Sulawesi, c’est avec
des Espagnols
très sympas, Joseba et Ana, que j’ai fait des virées à moto dans les
villages et les rizières du pays Toraja. Sur l’île de Siquijor, aux
Philippines,
Marika et Shareef,
mes voisins de bungalow, couple suisso-maldivien, sont devenus des
potes. On s’est fait des soirées mémorables avec Neal et Raul, les deux
Philippins qui bossaient chez Kiwi Dive et nous ont fait découvrir
l’île…
Bref. J’en oublie plein. Je ne compte plus les balades,
apéros, bouffes et soirées auxquels j’ai été conviée. Non, vraiment,
impossible de rester seul(e) quand on voyage en solo!
Vive la liberté !
Autre
avantage, quand on part seul(e) : on fait ce qu’on veut, quand on veut.
Sans avoir besoin de l’assentiment d’un(e) autre. Sans dépendre des
contraintes d’un(e) autre. Quelle liberté!
On mange ou pas, à
l’heure qu’on veut. On scotche ou pas dans un coin qu’on a trouvé sympa.
On n’a de compte à rendre à personne. On n’a pas besoin d’être deux à
aimer la guesthouse qu’on visite. On n’est pas obligé d’avoir les mêmes
envies au même moment, ni de faire des compromis sur certaines activités
ou excursions…
J’ai aussi l’impression que cette liberté rend
plus réceptif, plus attentif, plus disponible. Sans compagnie, on est
davantage sensible à l’atmosphère d’un lieu. Plus ouvert, peut-être, à
d’autres cultures, d’autres mentalités, d’autres façons de penser.
Le
fait de ne pas être accaparé par la présence d’un compagnon ou d’une
compagne de voyage, qui parle la même langue que vous, qui vient du même
monde que vous, ça épure les sensations, la pensée, le regard. On
s’imprègne mieux du pays. On en a une approche, une vision plus
personnelles. Pas d’interférence, pas d’influence, si bienveillantes et
complices soient-elles.
C’est même un sacré avantage, parfois,
d’être une « lonely voyageuse ». Comme vous êtes seule, les autres
femmes osent vous approcher. La conversation s’amorce, vous inspirez la
curiosité, elles veulent tout savoir de vous. Évidemment, ça les étonne
que vous voyagiez comme ça, sans mari, sans enfant, sans personne. En
même temps, elles vous assurent (par politesse, souvent) qu’elles
trouvent ça très bien. Vous les rassurez un peu, en disant que vous avez
tout de même des amis, avec qui vous plongez ou faites un bout de
chemin…
Le fait d’être seule vous ouvre des portes, fait tomber la timidité. La vôtre et celle des autres.
Les inconvénients ?
Alors
oui, il a bien des petits inconvénients à voyager seul(e), mais ils me
paraissent minimes, comparés à l’infinie liberté que procure le voyage
en solo. Ce sont en fait des inconvénients d’ordre purement matériel.
À
deux, l’hébergement coûte forcément moins cher, puisqu’on divise les
frais. Et rien ne m’irrite plus que les resorts et hôtels qui infligent
une surtaxe exorbitante aux voyageurs qui ont l’outrecuidance de ne pas
aller par paire… Grrr. Je hais tous ces tarifs alléchants qu’on trouve
sur le web avec cette charmante parenthèse en petit à la fin (sur la base de deux personnes).
Idem
quand il s’agit de payer avec sa seule petite bourse un transport
privé, lorsqu’il n’y a pas de transport en commun. Mais jusqu’à présent,
je me suis souvent débrouillée sans trop de mal pour partager le prix
d’un taxi, d’un bateau, avec d’autres voyageurs rencontrés en chemin.
Le
plus embêtant, en fait, quand on voyage seul(e), c’est d’avoir un souci
avec l’argent: perte ou vol de carte bleue, ou de cash… À deux, il
reste la carte ou les sous de l’autre. Quand on ne peut compter que sur
soi, il faut faire gaffe. Ça m’est arrivé trois fois de galérer pour ça.
La
première fois, c’était à l’aéroport de Siem Reap (Cambodge). Je n’avais
plus assez de dollars pour payer la taxe de départ, plus élevée que ce
que je croyais, et le seul ATM (distributeur automatique) de l’aéroport
n’acceptait que les Visas (et à l’époque j’avais une MasterCard). Toute
honte bue, j’ai donc mendié un à un les quelques dollars qui me
manquaient auprès des touristes qui attendaient là avec moi. Les gens on
été sympas et m’ont dépannée.
La deuxième fois, j’ai tout
bonnement perdu ma carte en Thaïlande… au fond de mon sac (si, si, ça
arrive). J’ai fini par la retrouver, bien planquée dans une poche que je
n’utilise jamais, juste après avoir fait opposition! J’ai été bonne
pour téléphoner à ma frangine et lui demander de faire pour moi, depuis
l’Europe, un coûteux transfert d’argent
Western Union, histoire d’avoir de quoi finir les vacances.
Enfin, la troisième fois,
c’était à Bangkok,
en fin de séjour. Je voulais faire un peu de shopping au MBK Center et
retirer des bahts. Sauf qu’après trois semaines passées dans les îles,
j’avais oublié (si, si, ça arrive) mon code. J’ai tapé trois fois de
suite un code erronné et ma carte s’est fait avaler. J’ai pu la
récupérer, car la banque où je voulais faire le retrait était ouverte.
Mais la carte, elle, avait été désactivée automatiquement… Il me restait
heureusement assez de cash pour les menus frais d’avant le départ. Mais
j’ai dû renoncer au shopping.
Sécurité
Hormis
ces menues mésaventures, il ne m’est jamais rien arrivé de fâcheux lors
de mes voyages en solo. Mon tempérament optimiste m’incite à croire que
ça ne peut que continuer ainsi.
Évidemment, je ne traîne jamais
seule à pas d’heure dans des quartiers mal famés. Mais je ne le fais pas
chez moi non plus. Que ce soit au bout du monde ou dans mon propre
pays, je garde un minimum de bon sens. La jugeotte suffit amplement, en
terme de précautions à prendre.
Je n’ai jamais eu de sentiment
d’insécurité. Beaucoup de filles me posent la question, mais
globalement, les pays d’Asie du Sud-Est où je me suis baladée sont des
endroits sûrs pour une touriste voyageant seule. Il m’est bien arrivé
une ou deux fois de m’inventer un mari qui devait me rejoindre sous peu,
histoire de décourager quelques gentils enquiquineurs, mais c’est tout.
Je
ne cours aucun risque, vraiment, à m’envoler avec ma petite personne
pour seule compagnie vers un ailleurs lointain. Je ne voyage pas dans
des pays en guerre. Je ne me mets pas en danger physique. Je n’accomplis
pas d’exploit. Je ne suis pas une exploratrice. Juste une rêveuse, une
promeneuse…
Face à soi-même
Tout
ce que je risque, à partir ainsi, c’est d’être dépaysée et transformée,
de revenir plus riche de rencontres, de souvenirs, d’émotions. De mieux
me connaître aussi. Se retrouver face à soi-même, loin de ses repères
habituels est une expérience intéressante, instructive.
On se
redécouvre sous un jour nouveau. On se découvre des qualités, des
ressources insoupçonnées. Des faiblesses, aussi. Mais du coup, on sait à
quoi s’en tenir vis à vis de soi-même.
Et franchement, c’est très
gratifiant de savoir un peu mieux qui on est. Une fois allégé de tout,
quand on n’a plus rien d’autre qu’un sac de voyage à se coltiner, on est
plus clair envers sa petite personne. On se raconte moins d’histoires,
on cerne mieux ce qui est réellement important.
Ça aide ensuite
pour la vie de tous les jours. De ce point de vue, le voyage en solo,
qu’on soit un homme ou une femme, est une expérience inestimable.
Corinne Bourbeillon